Perdues dans les petits objectifs

Perdre 10, 20 ou 30 livres. Les prendre. Arriver à courir 20 km, à soulever 200 livres. Rentrer dans mon maillot de bain  l’été prochain. Arrêter le sucre (ou autre chose). Devenir végane (ou autre chose)…nos objectifs sont-ils trop petits?

Il est si facile de se laisser tenter et entraîner par de petits buts, des petits pas, qui, au final, ne parle pas de nos faims les plus profondes, de nos soifs les plus importantes: être nous-mêmes, aimer, être capable d’avoir des relations nourrissantes, de vivre une intimité sexuelle satisfaisante, sentir qu’il y a un sens à notre existence.

En réduisant la valeur de notre vies à des chiffres sur une balance, à une forme sous des vêtements, à un nombre de calories ingérées par jour, à notre capacité à nous priver, ce n’est pas la vie que nous nourrissons en nous.

En nous laissant définir par des annonces publicitaires montrant ce corps que nous n’aurons jamais, que nous avons peut-être eu à 15 ans, qui ne peut être attirant que selon un seul modèle, nous entrons dans une spirale sans fin d’insatisfaction permanente et de jugement délétère.

Bien malgré nous, parce que conditionnées et infectées par le virus ambiant, nous critiquons intérieurement ou ouvertement notre corps et celui des autres. Nous avons peut-être secrètement honte que notre fils nous présente sa nouvelle flamme bien en chair, que notre fille développe trop de courbes , de hanches ou de double menton…ou qu’elle tombe amoureuse de quelqu’un.e avec un trop gros tour de taille.

Même en faisant attention, nous nous rendons compte que nous jugeons négativement tout écart au standard…qu’une petite voix fatigante nous susurre que quand même « elle » (ou nous), pourrait se prendre un peu plus en main, avoir plus de respect d’elle-même, devrait arrêter de se « laisser aller ».

Il n’est pas juste que notre poids soit mis sur la même balance que notre coeur.

Il est temps pour nous de nous guérir et de nous immuniser contre ce virus qui fait de l’image corporelle le garant de la santé, de la moralité, de la valeur, de l’intelligence, des capacités d’une personne.

Il est temps de nous redonner la permission de bouger pour le plaisir, pas pour atteindre le corps de notre prof de Yoga, ou de notre entraîneur sportif…

De sortir de la honte que nous ressentons trop souvent de ne pas paraître comme il faut.

D’arrêter d’avoir peur de l’image que nous renvoie le miroir de la salle d’essayage.

De retrouver, en nous, cette sensation de révérence pour la vie, pour notre vie et donc pour ce corps qui est notre vaisseau spatiale, unique et spécial, pour manifester cette vie, sur cette terre.

Merci, mon corps, quelque soit ta forme, ta santé , ta force, ton âge…sans toi, il n’y a pas de moi possible.

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