« Corps, mon vieux compagnon, nous périrons ensemble.
Comment ne pas t’aimer, forme à qui je ressemble,
Puisque c’est dans tes bras que j’étreins l’univers? »
Marguerite Yourcenar
Notre corps est merveilleux. Tout simplement. Il est le véhicule même de la vie. Le temple de notre souffle, de notre âme, l’expression de notre être sur cette terre. Sans lui, aucune autre façon d’étreindre la vie. Notre corps est un privilège. Notre corps est sacré.
Bien avant d’avoir une image corporelle visuelle, nous avons un corps sensationnel : 5 sens, ou plus, pour toucher et être touchée, pour goûter, sentir, ressentir, entendre et écouter, voir et regarder. N’est-ce pas formidable? Tout en nous est fait pour jouir de la vie, rechercher le plaisir et fuir la douleur.
Puis un jour est arrivée la rupture. Dans nos sociétés où le corps sensuel est vu comme trop sauvage et où il faut apprendre à se contrôler, à se conformer, à se former, il y a eu un claquement sec. Peut-être que je me trouvais « trop » jolie devant le miroir, que j’aimais « trop » manger ma crème glacée avec toute ma bouche, que je voulais encore me déshabiller pour aller courir nue sous la pluie… Peut-être que j’ai vu ma mère au régime haïr son propre reflet ou ne plus s’accorder de plaisir à table. Peut-être que chez nous les plaisirs du corps étaient mal vus. Peut-être que j’ai été abusée parce que j’avais une « trop jolie petite robe »… un jour notre corps est devenu la chose à cacher, l’ennemi à contrôler par tous les moyens, la preuve de notre manque de volonté et tant d’autres choses encore.
C’est ici que je veux explorer avec vous l’image corporelle : celle que nous avons, avons eue ou aurons; celle qui est véhiculée par notre société et qui nous rend malades; celle qui fait fi de notre santé pour enrichir par milliards des gens qui ont tout avantage à ce que ne nous ne nous aimions pas : des livres de diète aux produits hypocaloriques en passant par le maquillage ou les vêtements qui camouflent…
Si nous devons faire une guerre, prenons d’assaut les médias et leurs impossibles standards! Refusons les diktats de la mode ou de la pornographie. Libérons nos filles et nos fils des carcans du regard des autres. Embrassons joyeusement le sensuel plutôt que le seul visuel… Célébrons nos diversités vivantes.
Faisons la paix avec notre corps tout entier, quels que soient sa forme, son âge ou ses performances. Visons un bien-être intérieur, une santé qui nous permettent de jouir de la vie et d’honorer chaque jour ce qui nous permet d’étreindre ceux et celles que nous aimons.
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Qui Mange ? 