De nos jours il est une relation qui est encore plus intime et tabou que le sexe, l’argent ou la politique. Plus sensible, plus intérieure et plus cachée que bien des fantasmes qu’on étale au grand jour, j’ai nommé: la relation à la nourriture
Oui, on parle de nos diètes et du dernier régime à la mode (en ce moment le cétogène côtoie le véganisme)…mais parle-t-on du sentiment de privation que beaucoup d’entre-nous vivons chaque jour? De notre insatisfaction par rapport à notre image corporelle? De notre peur de n’être pas à la hauteur par ce que notre corps est non-conforme? De la peur que notre partenaire se détourne de notre corps imparfait ou vieillissant? De notre manque d’amour, de contact et de sensualité que l’on remplace par de la nourriture? De la perte de jouissance de la vie à manger des aliments diététiques? De notre envie d’être enfin libérée des contraintes de la nourriture? De nos fantasmes de pouvoir manger sans restriction? De toute la plac eque prend la nourriture dans nos pensées?
Cette femme qui salive intérieurement en regardant son compagnon manger des frites alors qu’elle-même mange sagement sa salade ou son poisson vapeur?
Celle qui se cache pour prendre quelques biscuits dans la boîte le soir, quand personne ne regarde; celle qui se cache une deuxième boîte de biscuits juste pour elle, afin que personne ne remarque qu’elle en mange…comme une alcoolique cache ses bouteilles.
Celle qui n’arrive pas à manger quand elle est seule…et cet autre-là pour qui c’est l’inverse.
Celle qui fait deux épiceries, une pour sa famille et une pour elle-même. La seconde étant moins appétissante que la première.
Celle qui refuse les invitations au restaurant parce qu’elle a peur de la nourriture alors qu’elle dit qu’elle préfère ce qu’elle cuisine elle-même.
Celle qui sourit, pleine d’enthousiasme et de bonne humeur, qui mange à peine parce qu’elle n’ a pas faim et qui, le soir, ne se retient plus devant le gros sac de chip et le pot de crème glacée.
Celle qui mange debout, dans sa voiture, dans la salle de bain, en faisant le repas pour les autres.
Celle qui se punit et se récompense avec la nourriture, comme elle l’a vécu enfant.
Même sans parler de maladie alimentaire comme l’anorexie, la boulimie ou l’orthorexie, chacune d’entre nous porte une relation intime avec la nourriture qui parle de cette relation intime qu’elle a avec elle-même.
Et comme toute relation très intime, il est difficile d’en parler, de partager sur ces sujets alors même que nous sommes bombardées et submergées par des infos nutritionnelles tout le temps, partout.
Comment en sommes-nous venues là? Parce qu’un virus se promène depuis des décennies et reste bien ancré dans nos croyances. Un virus pernicieux et pervers qui nous fait croire que nous sommes responsables, par la nourriture, de la forme de notre corps; qu’il faut rester en contrôle face à cet ennemi sournois qu’on appelle l’appétit et qui pourrait nous faire perdre l’amour et la considération d’autrui et de nous-mêmes; qu’il n’y a rien de mieux qu’une volonté de fer pour mater ce corps et ses envies…bref, un virus qui nous rend très malade et fait faire beaucoup d’argent à des gens qui ont tout intérêt à briser cette relation la nourriture qui pourrait être saine, naturelle et sans histoire. En brisant notre relation sacrée avec la nourriture, cette nourriture qui est, chaque fois, l’affirmation de notre relation à la Vie, notre relation au Féminin Sacré Nourricier est si malmenée que peu de femmes et d’hommes en réchappent.
Sauver la planète, la nature, l’environnement, la vie en nous et autour de nous, doit premièrement passer par renouer profondément, viscéralement, avec bonheur et gratitude, à notre corps et à ce qui lui permet de continuer d’exprimer la vie sur cette terre.
Guérissons notre relation à la nourriture et nous serons en voie de guérir notre relation à la Terre-Maman.