(Avertissement: cet article ne veut pas du tout une critique aux mamans qui font ce qu’elles peuvent et qui font de leurs mieux en suivant les directives médicales…il se veut une critique, par contre, de l’éloignement délétère de notre société moderne face à la nature.)
Pendant longtemps, et c’est encore le cas dans certains milieux, les recommandations médicales, sans aucun fondement scientifiques d’ailleurs, étaient de mettre les bébés au pas le plus vite possible et de le les nourrir qu’à toutes les quatre heures, que cela soit au sein ou à la bouteille. Il fallait éviter de tomber dans la « manipulation » du bébé et lui donner une « régularité ». Comme si les bébés étaient des horloges; comme si les humains n’avaient faim qu’à des heures précises. On voulait pouvoir faire en sorte que la bébé dorme des nuits complètes rapidement et qu’elle ne dérange pas…
Mais le problème est que les humains ne sont pas des mammifères nidificateurs comme les chats par exemple. Les chattes laissent les petits dans un nid, ou un terrier, partent à la chassent et reviennent quelques heures plus tard. À ce moment-là, les petits, qui s’étaient tenus tranquilles et silencieux pour ne pas attirer des prédateurs dans leur nid, s’éveillent et miaulent et sont nourris. Nous ne sommes pas non plus comme des mammifères suiveurs (la vache et son veau par exemple) ni des « cacheurs » comme les chevreuils qui cachent leur petit dans un buisson et reviennent toutes les douze heures environ. Le lait de ces mamans est très différents,nutritionnellement parlant, selon le type de mammifère.
Les humaines, par contre, sont des mammifères porteuses, comme les singes ou même les kangourous. Cela veut dire que normalement nous portons nos bébés sur nous et nous les nourrissons à la demande. Chez certains singes, c’est le papa qui porte les bébés et les amène à la mère plusieurs fois par jour pour la tétée. Notre lait maternel est donc adapté au fait que nos bébés vont se nourrir plusieurs fois par jour, incluant la nuit. Et pendant les périodes de croissances, il n’est pas rare qu’un bébé ait faim toutes les heures et demi! C’est sans compter les tétées qui rassurent ou qui consolent, qui soulage la douleur ou renforce les liens avec la mère. Pas facile d’être une maman humaine dans une société comme la nôtre…
Quand nous ne nourrissons nos bébés qu’aux 4 heures(sein ou bouteille); que nous les laissons pleurer entre les boires; que nous les passons à l’alimentation solide trop tôt pour calmer leur faim (ce qui fait bien l’affaire des compagnies qui vous vendent les laits maternisés, les céréales pour bébé etc.); nous mettons malheureusement en place les graines de futurs désordres alimentaires car nous interférons et déréglons les systèmes normaux d’appétit et de satiété.
Le bébé a faim, parfois très faim, et doit attendre quand même. Cela crée un sentiment de manque et d’angoisse. Quand la nourriture arrive enfin elle risque de manger plus que nécessaire et trop rapidement pour combler ce manque. Comme le manque n’est pas seulement « occasionnel » mais fréquent, le système de l’orexie (qui gère l’appétit), ne sait plus bien signaler la faim et le sentiment de satiété se dérègle. À la longue, le bébé ne peut plus faire confiance à ses signaux internes et vit des alternances de manques incompréhensibles (pourquoi maman ne répond pas à mes cris?), accompagnés d’angoisse (avoir faim est angoissant), et des moments de plénitudes accompagnés parfois du malaise d’avoir trop mangé ou mangé trop vite, trop goulûment.
Mesdames, maintenant adultes, cela ne vous rappelle pas quelque chose?
Faisons confiance à nos bébés, à l’intelligence de la Vie elle-même qui nous a programmée pour que nous ayons faim quand notre nutrition l’exige. Faisons confiance à leur satiété qui, elle aussi, est programmée pour se déclencher quand l’apport nutritionnel est suffisant. Nous élèverons ainsi des bébés qui auront moins de chances de vivre des désordres alimentaires plus tard.