Ben oui…ça existe. Même si cette phase n’est pas la plus plaisante, elle est très présente. Et pas seulement en matière de nutrition!
J’ose avancer que notre société, en matière d’environnement alimentaire, est dans cette phase en ce moment. Il y a un affrontement féroce entre diverses idées nutritionnelles, chacune basée sur des recherches scientifiques, et chacune affirmant avoir la vérité.
Comme dans une religion, il y a la bataille entre le bien et le mal, les gentils et les méchants, les élu.es et les païen.nes. Il y a un enfer- celles qui ne suivent pas le diktat y sont condamnées- et un paradis: la santé éternelle , le juste poids et l’énergie sans limite!
Et pourquoi pas la jeunesse éternelle tant qu’à promettre…
Chaque côté revendique sa façon de faire comme étant LA seule, LA meilleure façon de s’alimenter tout en respectant l’environnement, le bien-être, la bonne traitance des animaux et des sols.
Les preuves présentées sont intenses et accablantes, et très émotionnelles. Comme dans tout fanatisme, on veut vous convertir à tout prix et vous encourager à convertir les autres aussi.
Soyons honnêtes avec nous-mêmes, il y a des moments où nous sommes nous aussi fanatiques, en alimentation ou ailleurs. Où nous voulons convaincre. Où nous sommes certaines d’avoir raison et nous sommes prêtes à enfoncer cette raison-là dans la gorge d’autrui…opinion politique, environnementale, croyance religieuse ou spirituelle, désir de changer le monde et la société, sentiment de consternation et d’indignation face à comment l’humain traite la planète, les animaux et ses semblables…bref, tout peut donner de l’énergie à cette phase.
Parfois, nous sommes aussi des fanatiques silencieuses: nous ne disons rien, mais nous pensons beaucoup. Et jugeons énormément. Et derrière un sourire aimable mais crispé nous refusons le morceau de pain, le café pas bio, le biscuit bourré de sucre.
Le problème est que cette phase-là nous sépare des autres. Nous fait faire des catégories; nous fait prendre des airs supérieurs. C’est souvent une recherche de pureté, de perfection ou de certitude qui alimente cette phase. Parfois les autres nous rejettent car elles trouvent difficiles notre jugement incessant, nos idées trop arrêtées ou la désapprobation qu’elles sentent quand nous sommes dans cette phase.
Comme nous voudrions que tout soit clair, limpide, aisé! Comme nous aimerions ne plus avoir à nous poser de question! Comme nous voudrions les autres pareils è nous-mêmes, de gré ou de force! Comme nous aimons nos convictions et l’énergie qui vient avec! Quel sentiment de réussite quand nous parvenons à convaincre l’autre!
Mais voilà, malgré la perfection de notre super-diète, nous n’avons pas la santé parfaite; et nous oublions que la santé est globale et ne se trouve pas que dans l’assiette, mais bien devant: dans la vie qui nous habite; dans le bonheur que nous avons à vivre-ou pas; dans le stress quotidien qui nous accable ou dans nos blessures relationnelles non guéries; dans nos joies à partager avec les autres, à offrir et à recevoir…
Il y a tant de façons de se nourrir, d’être nourrie.
N’oublions pas que tout change. Même nos opinions les plus tranchées, les plus solides, sont sujettes à être bousculées par la vie. Et quand une autre réalité nous rattrape, il n’est pas faciles d’abandonner nos convictions. Nous risquons de nous y accrocher même quand cela ne sert plus notre meilleur intérêt ou le plus grand bien.
Et ce que la science prouve aujourd’hui comme incontestable, sera contesté quand même…nous en avons la preuve tous les jours!
Sortons de la bataille. Soyons plus humble que cela. Élargissons notre définition de la vérité. Relaxons, ce n’est pas une lutte à finir. Ne soyons plus des « réfugiées » des guerres nutritionnelles qui se livrent autour de nous. Trop souvent, ces guerres-là ont les même origines que les vrais guerres: l’argent que l’on peut faire en vous convaincant d’adhérer à un camp ou un autre.
Retrouvons le sens même de l’hospitalité: la gratitude de recevoir ce qui nous est offert, de le manger en toute quiétude, même quand ça ne rentre pas dans nos « cases » du bien et du mauvais. Nous honorerons ainsi ceux qui nous ouvre leur cuisine, leur foyer , leur frigo et leur croyances.