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Nourriture-récompense, Nourriture-punition

La nourriture possède bien d’autres attributs que celui de nutrition. Une des plus courantes est la nourriture-récompense.

Celle avec laquelle on manipule les enfants pour qu’ils finissent leurs assiettes, par exemple. Sans se rendre compte que, ce faisant, on fait comprendre à l’enfant que la nourriture principale (légumes, grains, viandes) n’est pas si « bonne » que ça puisqu’on doit se force pour en manger pour finalement avoir le « droit » au dessert. Cela met aussi l’emphase sur le sucre comme étant désirable, spécial et et attrayant.

Oui, il fût un temps où le sucre était réservé aux classes sociales riches et où la chanson disait « Donnez bons parents, du sucre aux enfants » (Dame Tartine). En élevant le sucre au rang du privilège  , nous mettons en place un cercle vicieux qui accorde au sucre des supers-pouvoirs: récompense, plaisir, rituel mais aussi interdits et culpabilités. En mettant les sucreries à part, en les associant à spéciales et rares, nous en faisons un icône qui semblent combler nos insatisfactions, nos manques relationnelles (une sortie à la crèmerie pour remplacer une présence parentale déficiente, par exemple), nos besoins de reconnaissance et d’appartenance.

Mais comme ce même sucre est aussi diabolisé, reconnu comme mauvais pour la santé, faisant grossir, déréglant l’insuline et nourrissant les cancers, nous voilà maintenant prises dans un engrenage terrible: la même nourriture qui nous fait plaisir nous fait du mal.

Nous sommes attirées par ce qui est « mal », « mauvais » et par extension, quand nous en mangeons nous faisons quelque chose de mal. Alors la nourriture devient punition et source de stress. Nous nous punissons avec des légumes au lieu de les apprécier. Nous punissions notre corps avec de l’exercice forcé et sans plaisir quand nous avons « fauté » avec un aliment défendu. Nous nous détestons après avoir « succombé » à la tentation d’un gâteau ou d’une pâtisserie.

La culpabilité entre en scène, la peur aussi. Et le fruit défendu précipitera notre chute… et la nourriture se change en religion.

Il est temps de sortir de notre folie individuelle et collective. La nourriture, intrinsèquement, n’est ni bien ni mal. Elle n’est pas « morale ». Elle n’indique pas notre valeur personnelle, notre capacité à nous contrôler, notre intelligence, notre supériorité faces aux autres, ou notre volonté.

Chaque mode alimentaire attaque l’un ou l’autre de nos macronutriments essentiels: sucres, gras ou protéines…leur attribuant à tour de rôle la responsabilité de tous les maux, méfaits et désordres alimentaires.

Soyons saines d’esprit et de corps.

Mangeons de tout avec modération et avec plaisir. Que le dessert ne soit plus l’apothéose d’un repas, ni son apocalypse. Que l’on retrouve le plaisir de toute la nourriture: des légumes aux protéines, de la salades aux grains, des fruits au féculents, de l’entrée au dessert.

Quand la nourriture cessera d’être un enjeu trop émotionnel, nous serons en mesure d’entendre ce que notre corps nous dit, ce qu’il nous réclame, ce dont il se passerait bien.

Que nos changements alimentaires soient faits dans la tranquillité, dans le plaisir, dans la bienveillance envers nous-mêmes et non dans la peur, le stress, la privation et l’obligation.

Oui, je vous le dis, c’est tout à fait possible!